L'histoire de mes compagnons

d'hier et d'aujourd'hui

 

Préambule

Comme j'ai pu l'évoquer sur ce site, mon quotidien a jusqu'à aujourd'hui toujours compté la présence de différents animaux de compagnie, qu'ils aient été acquis ou recueillis. J'ai simplement envie de vous faire partager ces histoires, celles d'êtres vivants qui, pour certains, sont toujours à mes côtés, et qui pour d'autres sont partis rejoindre un monde meilleur, je l'espère...

Ce choix ne vient pas illustrer "l'affection" que je leur ai accordé....il s'appuie surtout ce sur quoi je suis capable de mettre des mots, aujourd'hui. Certaines histores  restent trop chargées et je ne peux les partager.

 

Fidjie

Débuter une histoire est très difficile quand on en a redouté plus que tout la fin....Pour autant Fidjie mérite d'être mise à l'honneur. Je lui dois au moins cela.

En juillet 2010, le ciel s'est très brutalement et fortement assombri au dessus de moi et de mes proches. Il m'a été diagnostiqué un cancer du sein au stade 3....Le protocole de soins envisagé s'est révélé d'emblée très lourd et les perspectives des médecins peu rassurantes et optimistes. Parallèlement, nous nous préparions au départ inéluctable de notre fidèle Maya, une chienne unique, recueullie 13 ans plus tôt à la SPA. Face à ce contexte très mortifère, ma moitié, désemparée, a souhaité faire l'acquisition d'un chiot, avec l'espoir que cet élan de vie pourrait venir contrebalancer cet atmopshère très sombre.. Si bien sûr, le fait d'avoir un autre animal était une évidence pour moi, là, d'emblée, j'ai rejeté l'idée. Il m'était impossible de me projeter. Je me sentais incapable d'être disponible, et suffisamment "en état" pour accueillir un nouveau petit compagnon et lui offrir ce dont il avait besoin.

Pour autant, ma moitié n'a pas renoncé et s'est attelée à rechercher un chiot berger australien, race vers laquelle je souhaitais depuis longtemps me tourner. A force de l'entendre commenter des photos consultées sur les sites d'éleveurs, je me suis surprise à les regarder à mon tour et à trouver dans ces moments des parenthèses de douceur qui rendaient le quotidien moins difficile....J'ai finalement accepté d'accueillir un nouveau petit être parmi nous, en ayant conscience que quoi qu'il m'arrive, il serait là, auprès de mes proches et de Maya.

Il a fallu attendre que je sois en mesure d'assumer un déplacement, un peu éloigné, pour me rendre à cet élevage du Morbihan...qui nous avait adressé quelques photos de la portée en précisant les petites femelles qui n'étaient pas encore "réservées". Je m'étais sentie attirée par l'une d'entre elles mais rien ne remplaçait une vrai rencontre.

Fidjie était dans un box parmi sa grande fratrie de 10 autres chiots. L'éleveur nous a signalé lesquels n'étaient plus "adoptables" et a ouvert le box pour que l'on puisse être au plus près de toutes ces petites boules de poils. J'ai posé mon sac à dos au sol pour être en mesure de les toucher....et ELLE a décidé. Elle a attrapé maladroitement une sangle de ce sac et s'est dirigé avec vers l'extérieur. Mon choix était fait. Il ne faisait que répondre au sien. L'éleveur a été surpris...car il estimait que c'était la plus chétive, sûrement la derniere à être venue au monde et celle qui avait dû batailler plus fortement pour accéder à la nourriture et à une place dans la fratrie. Je vous avouerai que le portrait initial qui m'a été fait d'elle n'était pas flatteur et j'entendais dans les propos de cet éleveur une certaine déception quant à mon choix....Je ne me suis pas méfiée mais la démarche était quelque peu particulière.

Fidjie n'a pas quitté mon sac tout le temps des démarches administratives....et elle est devenue ce jour là, une des raisons fondamentales qui m'ont donné l'envie de me battre.

Elle a intégré sa nouvelle maison, où Maya, comme à son habitude , exeptionnelle, lui a réservé un accueil chaleureux et rassurant. Partage de panier, câlins, aide à l'apprentissage, Maya s'est révélé un guide " à la hauteur", malgré son âge avancé, sa fatigue, ses douleurs. Les efforts faits par cette chienne unique qu'il me serait impossible de présenter ici tant elle a marqué ma vie d'être humain, m'ont très fortement incité à dépasser mes propres difficultés.

La premiere viste vétérinaire pour les rappels de vaccins, à quelques mois à peine, a décelé une luxation d'un doigrs de la patte...il a fallu lui enlever. Elle n'avait pas 6 mois. Cette luxation était manifestement ancienne et antérieure à son arrivée auprès de nous. Nous n'avons néanmoins pas voulu me retourner vers l'éleveur...seul le bien être de Fidjie comptait...et honnêtement nous n'avions pas l'énergie pour nous lancer dans ce genre de bataille. 

Très vite nous avons constaté que Fidjie pouvait être terrorisée par la présence au sein du domicile, d'homme, c'est à dire d'être humain du sexe masulin. Certains amis, toujours encore, à ce jour, ne peuvent l'approcher.  Elle cherche à s'enfuir ou se repli à l'étage pendant tout le temps de la venue de cette personne et même au delà de son départ. Nous avons évidemment cherché à comprendre, notamment auprès de professionnel les raisons de ce comportement, et la réponse repose toujours sur les mêmes explications : elle a assurément vécu, très jeune chiot, un traumatisme, infligé par un homme dont l'apparence, l'odeur, le timbre de voix s'apparentaient fortement à celui des proches que nous pouvions cotoyer. 

Nous restons convaincus aujourd'hui que le mépris initial dont a fait preuve l'éleveur à l'égard de Fidjie s'était certainement couplé de mauvais traitements...ou de ce qui 'en approche.

Les mois ont passé, et de mon côté le ciel s'est enfin éclairé : au terme d'une année très compliquée, de soins plus ou moins invasifs, de remises en question, d'espoirs et de renoncements, le corps médical m'a donné ce fameux sézame : celui de reprendre une vie somme toute normale, sous contrôle et traitement impératifs et réguliers...celui de vivre tout simplement avec ce petit crabe qui reste là, en vous, sommeille peut être à tout jamais ou bien se réveillera demain. 

L'envie de me lever le matin, de transcender les douleurs, la fatigue et le reste, Fidgie me l'a donné. Le sentiment de me dire que tous ces traitements, ces intervententions en valaient la peine, Fidjie me l'a donné.  Vous me direz, Maya, aussi non ? Maya , c'est autre chose. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mais Maya savait, sentait qu'elle était sur le départ et elle me rappelait juste au quotidien qu'il n'était pas question que nous la laissions souffrir, juste parce que sa perte nous était insupportable. Nous avons pris la décision, évidemment avec l'avis du vétérinaire de la laisser partir. Je l'ai accompagné dans ce moment important où il faut savoir dire aurevoir et surtout MERCI. Je n'en dirais pas plus...

La vie a ainsi repris son cours...En 2011, j'ai pu reprendre mon activité professionnelle et avec une relation, très fusionnelle entre Fidjie et moi. 

En 2015, Figjie a présenté des troubles de la vision que notre vétérinaire très compétente et bienviellante nous a invité à faire vérifier auprès de confrères spécialisés. Clinique vétérinaire de Nantes, spécialiste ophtalmoligiste canin et verdict : Fidgie est atteinte d'une dégénérescence occulaire, liée certainement à de mauvais croisements et accouplements de bergers australiens porteurs de gènes particuliers. Une cataracte irréversible et une cessité précoce ineluctable sont diagnostiquées...Fidjie n'avait que 5 ans !!

Que faire ??  la décision n'a pas été longue à prendre. Si la pose d'un implant sur l'oeil le moins endommagé pouvait lui apporter un confort de vie plus serein, alors il ne fallait pas hésiter. En 2016, après quelques temps de réflexion, nous avons sauté le pas. L'opération s'est bien déroulée, mais nous savions que les semaines suivantes allaient être très compliquées : port d'un casque quotidien pour Fidjie pour éviter tout accès à son oeil opéré, plusieurs administrations par jour de collyre, de produits antibiotiques dans l'oeil , etc. Ces moments ont été particulièrement pénibles pour elle en premier lieu ...et aussi pour nous. Aux différentes heures des soins, elle allait se tairer dans un coin, espérant assurément les éviter. Et ce masque....qui empêchait une vraie interaction avec nous...

Mais, nous voulions lui apporter un meilleur confort de vie...de vue.

A ce jour, nous pensons que cet implant lui a permis pendant quelques années de discerner des ombres, des objets, que l'autre oeil ne percevait définitement plus.  Elle avait développé ce sixième sens qui lui permettait de mémoriser les lieux, les espaces et de se déplacer dans des lieux connus sans trop de difficulté. Elle gardait la même énergie, l'envie de jouer, même s'il fallait adapter ces moments récréatifs : elle était sensible au bruit de l'impact d'une balle lancée et était de fait en capacité de la retrouver.. .sur une plage, elle bluffait les gens qui s'étonnaient de sa cessité, tellement elle palliait de manière exceptionnelle à son handicap.

Et puis, en 2019, à l'occasion d'une énième séance de jeux, avec sa balle préfèrée, celle qu'elle reconnaissait entre mille sans que l'on sache pourquoi et comment, elle ne l'a pas rattrapée....et cette satanée balle a percuté son oeil "implanté". Elle a émis un gémissement et a tout de suite été désorientée. Elle ne voyait plus RIEN. Je venais assurément de réduire à néant le bénéfice certes minime mais néanmoins réel de l'implant......je ne vous parlerai pas de mon sentiment de culpabilité, il ne compte pas au regard des conséquences pour elle, de ce dramatique incident.

Notre vétérinaire , très soucieux du bien être de Fidjie et de sa capacité à tolérer de nouvelles interventions  a compris notre refus à ce que le spécialiste ophtalmologiiste pratique de nouveaux gestes chirurgicaux et invasifs sur elle. Je tiens à remercier cette vétérinaire, qui a toujours été tellement professionnelle mais aussi tellement sensible au devenir de Fidjie.

Voilà, nous sommes alors en 2020, notre pépette est totalement aveugle...elle est plus tot à l'aise dans un environnement connu où elle maîtrise la disposition des meubles, l'organisation des pièces, etc.  En dehors, nous sommes SES yeux...nous signalons les obstacles, les promenades ne peuvent se faire qu'en laisse ou longe. Pour autant, elle a une truffe d'enfer !!! Elle est la plus efficace gardienne de frigo....elle capte toutes les odeurs de manière certainement démultipliée par rapport aux compétences olfactives déjà très  développées des chiens.

La même année, mon envie ancienne de travailler en lien et avec l'Animal, souvent évoquée mais jamais aboutie a de nouveau dans mon quotidien. Je me suis enfin lancée et j'ai sollicité de suivre une formation de médiation par l'animal. Les aléas liée à la fois aux lenteurs de mon administration pour accepter ma demande, m'accorder le temps nécessaire et aux bouleversements générés par la pandémie de la COVID ont fortement retardé l'effectivité de ce projet qui n'a pu se concrétiser qu'en début d'année 2021. La formation de plusieurs semaines que j'ai suivi auprès de l'organisme UMANIMA est d'une très grande qualité.  J'ai été certifiée....mais si les professionnels ont reconnus mes compétences, ils ont aussi soulevés les freins, ou plutôt "LE" frein qui m'empéchait réellement de me projeter vers la mise en oeuvre d'une activité de médiation par l'animal. : l'acquisition d'un nouveau compagnon, notamment d'un chien...qui risquerait de destabiliser les derrières années de Fidjie. Leur regard, leur analyse ont été particulièrement justes et m'ont surtout permis de me questionner, de cheminer et d'accepter enfin à penser la venue d'un nouveau compagnon dans notre quotidien. J'étais enfin prête à franchir cette étape....quand...

En juin 2021, nous avons découvert un terrible fléau pour les chiens : les épillets..../catedog.com/chien/03-sante-chien/13-maladies-ophtalmologiques-chien/epillet-oreille-oeil-doigt-nez-chien/ Fidjie se gratte l'oreille, gémit....cela dure plusieurs jours et nous décidons de l'amener chez le véto. Un épillet s'est implanté dans l'oreille, a fait des dégâts...il faut une intervention sous anesthésie....nous ne pouvons pas nous y opposer mais tout comme notre vétérinaire nous avons conscience des difficultés de Fidgie à supporter les anesthésies.

L'epillet a été enlevé mais manifestement soit il avait été trop loin, c'est à dire trop près des fonctions cérébrales et avait crée des dégâts à ce niveau, soit l'anesthésie était celle de trop.....Fidgie n'avait plus aucun repère, elle se cognait partout, était incapable de se déplacer seule pour se rendre dans le jardin faire ses besoins...accompagnée jusqu'à la pelouse, elle restait figée, agarde...perdue. Elle ne répondait à aucun stimuli, aucun mot magique comme " je donne". Elle se nourrissait en plus de manière très aléatoire. Bref, c'était comme si sa carte mémoire avait été totalement effacée.

Le vétérinaire a posé plusieurs hypothèses : une compression liée à l'infection importante générée par l'épillet, soit un problème neurologique irreversible et fatal. Elle a voulu croire en la première hypothèse et a precrit un traitement de choc et fortement dosé à base de courtisone et de molécules pour oxygéner le cerveau...un traitement de 5 jours qui ne pouvait pas, au regard de son intensité, être prolongé. Le bilan au bout de ces 5 jours serait de fait assez décisif quant au devenir de notre pépette.

Une amélioration très minime a été observée au bout de ce délai mais là encore, toujours avec l'espoir qu'une euthanasie pouvait être évitée, nous avons, avec le véto, choisi de laisser à Fidjie encore un peu de temps pour se rétablir et surtout prétendre à une vie descente pour ELLE.

Evidemment, le projet d'adopter un petit chiot, qui serait, si toutes les conditions étaient réunies, mon chien de médiation, était alors mis entre parenthèse. Une fois encore sur les conseils bienveillants de notre véto, et surtout sur le soutien et les conseils éclairés de ma moitié, il m'a été rappelé l'importance de ne pas renoncer.

Après plusieurs semaines de doutes, d'inquiétudes extrèmes, un soir, après le repas, nous avons lancé, par habitude, un " Fidjie, je donne" pour un petit morceau de fromage qu'elle ne manquait, par le passé, pour rien au monde, mais qui depuis bientôt un mois, ne trouvait pas d'écho. Et là notre pépette, c'est dirigée d'emblée vers son tapis, assise, les oreilles dréssées et dans une posture attentiste...Alors, oui, nous avons été submergées  à ce moment par l'émotion car depuis des semaines, cette phrase tombait dans l'oubli.... et du fromage , elle en a eu !!  Cet événement aussi anecdoctique puisse t'il paraître a été le début d'une réelle convalescence....Fidjie nous est revenue, tout doucement mais assurément.

Alors, nous avonsi relancé les éleveurs contactés initialement plusieurs semaines auparavant en vue de l'adoption d'un nouveau chiot  et espéré de toutes nos forces que notre démarche ne nuirait pas à Fidjie.

Samba a rejoins notre foyer  le 8 août 2022. Ces débuts parmi nous ont été compliqués au regard de la réaction plus tôt distance et rejetante de Fidjie....mais l'alchimie a fonctionné. Samba a appris auprès de son aiêule et contre toute attente, Fidjie a retrouvé une "seconde jeunesse" au contact de cette boule d'énergie. 

En début d'anée 2023, son état s’est très rapidement dégradé en l’espace de quelques mois. Différents signes nous indiquaient qu’elle était fatiguée, usée. Quand l’assouvissement des besoins primaires tels que se nourrir sont devenus compliqués, une simple prise de sang a figé les perspectives : les reins et le foie étaient dans un un état tel que les résultats d’analyse ne « rentraient plus dans aucune case » pour reprendre l’expression du véto. Bien sûr qu’elle pouvait encore tenir mais à quel prix ? Celui de médicaments de confort pour soulager ses douleurs, celui de petits bonheurs à la voir picorer deux ou trois croquettes, quasi systématiquement rendues quelques minutes plus tard, celui de la voir se battre pour NOUS contre un mal qui la ronge de manière insidieuse et irréversible de l’intérieur ?

Notre véto, une fois de plus, a eu les mots justes et elle nous a laissé quelques jours pour réfléchir… De réflexion, il n’y en avait pas besoin. La plus belle preuve d’amour que méritait Fidjie se résumait au devoir de lui assurer une fin digne et sans souffrance....Alors, nous avons profité d’elle jusqu’au jour programmé pour son départ. Combien de fois, ne lui ais-je pas susurrer en larme à l’oreille, alors qu’elle dormait « tu as le droit de t’en aller , je suis là, avec toi et je t’aime... » La mort ne vient malheureusement jamais quand on l’invite !

Fidjie n’aura pas atteint ses 13 ans. Nous avons décidé de l’euthanasier et j’assume cette décision,

Elle reste et restera toujours mon âme sœur, mon ange gardien et j'espère simplement que malgré toutes les épreuves qu'elle a traversées, nous lui aurons apporté l'amour, le juste amour qu'elle mérite.

Elle me manque toujours terriblement.

 

SAMBA

 

Samba est née le 05 juin 2021 en Bretagne dans un élevage familial de bergers australiens, les Coeurs de Breiz

 

Ses premiers pas ou papattes dans notre maison n'ont pas été très faciles car le territoire était occupé par Fidgie, ma fidèle berger australien âgée de 11, aveugle depuis l'âge de 5 ans. L'arrivée de ce petit chiot maladroit, remuant était assurément une source de stress pour elle....Alors, la seule manière de se prémunir de tout était de la rejeter, et de multiplier les stratégies d'évitements.

  • Pas simple pour un chien vieillissant, handicapé et qui évoluait dans des repères stables de comprendre les changements qu'on lui impose subitement.
  • Pas simple pour un petit chiot séparé de ses congénères d'être confronté à de nouveaux lieux, de nouveaux humains et de ne pas trouver le réconfort et la sécurité espérés auprès d'un de ses semblables.
  • Pas simple pour les maitres de remettre en question leur choix et décision, de se sentir coupable face à cette cohabitation qui génère manifestement plus d'inquiétudes, de souffrances que de joies.

Fallait il renoncer ?

  • En laissant Fidjie vieillir sereinement au terme d'un parcours semé de moments très difficiles ? De fait, elle le méritait amplement et ce d'autant qu'elle et moi avions un lien...indescriptible et qu'il m'etait honnêtement insupportable de l'imaginer moins heureuse...
  • En donnant à Samba la chance de s'épanouir dans un foyer où d'emblée elle bénéficierait de l'accueil de TOUS...

Nous nous sommes fait confiance, nous leurs avons surtout fait confiance à toutes les deux et la Famille s'est finalement créee au bout de quelques semaines. Samba a compris, assurément, à ne pas dépasser le seuil de tolérance de Fidjie, qui de son côté a finalement trouvé stimulant de "driver " cette petite jeune !!

Samba a ainsi évolué au cours de sa première annéee, en contact quotidien avec ses maitres et un autre chien, avec deux pigeons , nos petits enfants lors de leurs visites et séjours , et bien d'autres occasions de se socialiser.

Néanmoins, même si elle se montrait plutôt attentive à nos consignes, nous avons fait le choix de faire appel à un éducateur canin pour nous aider à assurer les bases nécessaires à sa sécurité et celle de son entourage.

Les premières séances ont été consacrées à assurer des acquis qu’elle maîtrisait déjà plus ou moins bien à savoir les classiques ordres de base en éducation canine : le assis, le pas bouger, le rappel, la marche au pied. A l’évidence, j’étais bien plus en difficulté pour me faire entendre et comprendre que ma compagne. Je n’étais pas surprise mais je suis en mesure de le reconnaître : cela me chagrinait quelque peu. Il n’était pas question de jalousie ou de rivalité, juste d’un principe de réalité qui vient vous rappeler que vous aviez raison…

 

La mise en œuvre de l’activité de médiation par l’animal s’est avérée être un parcours difficile et solitaire.

Pour en dire quelques mots maintenant,  mon projet était d’en faire bénéficier les jeunes de mon service. Trouver les financements pour s’équiper et se doter d’outils pédagogiques, associer les collègues à ce projet et les faire y adhérer, disposer de locaux pour exercer...tous ces facteurs auront demandé beaucoup de temps, d’énergie, suscité nombre d’inquiétudes, de remises en question. Finalement, au bout d’un an, en septembre 2022, je débutai cette activité avec un jeune au sein du service. Samba, âgée d’un peu plus d’un an, avait acceptée les jeux/exercices que je lui avais proposé depuis plusieurs mois pour être plus à l’aise dans les interactions avec les enfants et adolescents que je serai amenée à lui présenter . Elle était encore très jeune et pleine de fougue mais sa douceur naturelle envers l’humain permettait que l’on se lance dans cette nouvelle expérience dès à présent.

15 novembre 2022, ma compagne est victime d’un AVC au sein de notre service.

La vie, la réalité bascule.

Hospitalisation en réanimation, perceptives incertaines... La maison raisonne de son absence et suinte de toute

part de mon angoisse et de ma tristesse. Samba et Fidjie le ressentent inévitablement. Elles me scrutent, suivent le moindre de mes mouvements et déplacements Elles guettent à la porte et à la baie vitrée et sont en alerte quand je parle au téléphone.

Leur seconde maîtresse va finalement revenir à la maison, très fatiguée, diminuée mais en vie. Sa convalescence signera le début d’une autre histoire. J’ai mis inévitablement tous mes projets en « suspens», me suis désinvestis de tout ce qui pouvait être chronophage et m’obligeait à m’éloigner trop longtemps et trop loin de mon domicile.

J’ai assuré mon activité professionnelle en sollicitant quelques aménagements et j’ai renoncé à la médiation par l’animal car ni moi, ni Samba n’étions en mesure d’être réellement « opérationnelles ». Et pour être parfaitement sincère, je m’étais heurtée professionnellement à de très nombreux obstacles et freins pour faire exister cette activité.-

Après plusieurs mois passés à « récupérer » par le biais de longues périodes de siestes quotidiennes, C. a

commencé à revenir dans une vie plus normée. Il lui était conseillé de reprendre une activité physique mobilisatrice telle que la marche et elle s’y est astreint dans un premier temps sans réelle motivation. Mais très vite, en s’accompagnant de Samba, cette corvée est devenue un plaisir, un rituel, attendus autant par l’une que par l’autre. Ce moment partagé n’a fait que renforcer le lien fort qui les unissait toutes les deux.

Samba a été, sans le savoir, un chien de médiation...pour C. Elle a été un moteur, une fidèle compagne dans ces moments de résilience et de reconstruction. Elle le demeure d’ailleurs toujours.



La suite...est à venir !!

=

 

CROU CROU et PIOU PIOU

Avril 2014, ma moitié, C. rentre du travail avec un carton dans les bras. Une surprise ?? oui, mais très inattendue ....

Au fond de cette boite, un petit oiseau, ou plutôt "oisillon" en piteuse état. Il était manifestement tombé du nid ou s'était certainement fait "éjécté" au regard des blessures béantes qu'il présentait sur son petit crâne : une plaie importante et profonde qui ne laissait que peu d'espoir sur sa capacité à s'en remettre. C. l'avait découvert, gisant sur le trottoir, et avait décidé de lui éviter une fin encore plus sordide : écrasé ouentrainé dans un caniveau.

Le voilà donc, minuscule petite chose perdue dans cet immense carton. Il s'agit d'un pigeonneau.

Par quoi commencer ?

Petite désinfection de cette plaie sanguinolante : coton tige en mains, les premiers soins s'appliquent maladroitement tellement le risque de lui faire encore plus mal nous habite. Il ne bouge pas, bien trop affaibli pour combattre.

Etape suivante : lui donner à manger et à boire. Alors là, les méninges se mettent en action. Où seraient rangées les seringues qui pourraient nous aider à le nourrir ? et quoi lui donner ?

"Google notre ami" nous propose des idées de mixtures. Nous voilà transformées en véritable Chef cuisinier à la recherche de la bonne formule ! Après moulte essais, nous nous lançons enfin dans le "nourrissage". Notre seringue ne ressemble en rien au bec bienveillant de la mère. Le refus est catégorique. Nous voilà, à choisir la méthode que nous redoutons, le gavage... 

Il aura avalé malgré lui, quelques milligrames...Pas assez, assurément pour survivre. 

Nous sommes dépitées mais à ce stade, nous ne pouvons pas faire mieux, si ce n'est lui arranger un espace plus "douillet" avec du coton . 

Nous n'avons que peu d'espoir sur le fait de le voir encore respirer après la longue nuit qui se profile.

Très tôt le matin, nous allons, résignées, soulever le couvercle de ce fichu carton. Et bien, avec soulagement et étonnement , nous découvrons que le petit volatile a gagné sa première bataille ! Nous le baptisons "crou-crou".

Les heures, les jours vont se succéder. Nos gestes vont devenir plus sûrs et notre petit protégé va reprendre du poil de la bête ou plus tôt de la plume...Il commence à picorer des graines et accepte plus facilement notre présence et nos manipulations.

Début mai 2014. Nous avions prévu un séjour d'une semaine à Belle-Ile en Mer avec deux de nos proches.

Le logement, le voyage en bateau, enfin toute la logistique a été anticipée et réservée depuis plusieurs mois. Nous n'avions évidemment pas prévu ces nouvelles obligations familiales qui s'imposaient subitement à nous.

Quatre humains, un chien et un pigeonneau ont finalement embarqué pour cette merveilleuse ïle du Morbihan. Heureusement que nous avions fait le choix de passer notre véhicule...j'imagine la tête des personnes que nous aurions croisées si nous avions dû transporter aux yeux et su de tout le monde notre oiseau.

Crou-Crou fait le voyage dans une petite cage, qui était le nid, par le passé, d'une gerbille. Cet habitat n'est évidemment pas adapté à son nouvel hôte mais Crou-crou ne vole pas encore, il se déplace sur de petits distances en sautillant. Nous le laisserons s'ébattre une fois sur place.

Les mois passent. Crou-crou s'est embéllie en se parant de son plumage nuancé de gris et blanc, même si le haut

de son crâne porte manifestement à jamais les stigmates de ses premières blessures. Nous pouvons désormais dire "ELLE", car de fait, il s'agit d'une demoiselle, une pigeonne à qui il a fallu apprendre à voler. Elle se porte bien mais, (il y a toujours un mais) elle s'est imprégnée de nous, de l'humain et elle n'a manifestement pas conscience de sa propre nature.

Elle se comporte comme un chien ou un chat. Elle nous suit partout dans la maison, se love sur nos genoux quand nous sommes installées sur le canapé, s'installe sur notre épaule telle une inspectrice des travaux finis quand nous sommes affairées à bricoler, écrire, cuisiner. Elle s'invite à table pour goûter les plats, stagne dans l'évier de la cuisine ou la baignoire pour réclamer un bain ...Nous avons immortalisé certains de ces moment par des photos et des vidéos qui pourraient être qualifiés de montages, tant nous la retrouvions parfois dans des lieux improbables (à l'intérieur du micro-onde dont la porte n'avait pas été fermée, dans une cocotte posée sur l'évier, etc.)...mais par contre jamais sur la branche d'un arbre du jardin.

Petit à petit, nous lui avons limité l'accès à la maison, espérant qu'elle puisse davantage s'acclimater avec la faune, la flore et l'environnement plus habituel d'un pigeon. La démarche a été compliquée car elle passait des heures entières derrière la baie vitrée, soit à faire des va et vient incessants, soit à taper du bout de son bec sur les carreaux. Elle ne se posait jamais sur une branche et préférait le dossier des chaises du salon de jardin, ou bien les gouttières et puis progressivement elle a découvert le toit, le rebord des vélux...elle a pris de la hauteur !!

Dans un lotissement, où nombre de chats traversaient les jardins, nous avons toutefois fait le choix de la laisser dormir la nuit, à l'intérieur du garage, dans un espace que nous avions du mieux possible aménagé et délimité pour limiter les salissures.

Un matin, comme bien d'autres avant, je suis allée promener notre chienne Fidjie dans les grands espaces verts situés à 100 mètres à peine de la maison. Crou-crou était sur le toit et nous voyait inévitablement.

Elle a pris son envol et nous a rejoins après avoir fait quelques cercles  dans le ciel pour s'impréger des lieux. Elle est venue se poser directement sur mon épaule à la grande stupeur d'une dame qui me croisait et qui m'a lancé un " Attention Madame, il va vous attaquer !". Elle était de fait encore plus sidérée quand je lui ai donné quelques explications. Crou-crou, elle, avait enfin élargi son horizon.

Il y avait d'autres volatiles dans ce parc, au sol comme perchés dans les arbres. Tourterelles, pigeons bizet, ramiers, pies...pour autant Crou-crou ne se reconnaissaient manifestement pas en ces espèces à deux pattes et à plumes.

Mais cà c'était avant...lui. Avant Piou-piou.

 

 Avril 2017. On prend les mêmes et on recommence !! Enfin à quelques nuances prêt.

C. rentre du travail, cette fois avec un sac cabas. Elle le tient d'une manière si précautionneuse et avec une expression de visage similaire à celle d'un enfant pris en faute. J'ai d'emblée compris. Il y a dans ce sac assurément le début de nouvelles péripéties pour ne pas dire emmerdements !

Et nous voilà avec...deux autres pigeons !! Ce ne sont pas des oisillons cette fois, ils ont quasiment atteint leur taille adultes. C. me raconte une histoire à la Zola. Les pigeons étaient acculés dans un recoin, sur un parking par un molosse qui les aurait dévoré tout cru ! Ils ont dû la supplier, la regarder avec des petits yeux larmoyants, remplis de terreur et Elle, sans l'ombre d'une hésitation, s'est jeté dans la bataille pour les sauver ...

Au final peu importe le scénario, il y a dans notre cuisine, un sac avec deux pigeons et je n'arrive pas à imaginer l'étape suivante. 

"Pas de soucis" qu'elle me dit, "je gère". Voyons voir...Alors nous avons désormais un cabanon de jardin et manifestement son intention est de les y mettre, à l'abri, pour qu'ils se remettent de leurs émotions avant de les relâcher dès le lendemain. Bien...sage décision, mais attendons demain.

Finalement, l'un d'entre eux n'a vraissemblablement d'emblée pas adhéré au projet et il s'est enfui du cabanon avant même d'en avoir découvert le décor. Quant à l'autre...plus fatigué, éprouvé, peut être, il est resté tant et si bien qu'il est toujours là !!

Monsieur, (oui, car évidemment c'est un mâle) a eu le droit, par la suite, à son prénom :Piou-Piou. Vu son gabarit, il ne doit pas apprécier d'être baptisé tel un petit canari.

Pas farouche le garçon. Il a apprécié le premier service de graines et une fois la porte du cabanon ouverte, il est sorti mais s'est posé à proximité. Et là...Cupidon a encore fait des siennes. Crou-crou s'est montrée. la rencontre a eu lieu ( mais en tout bien tout honneur !) et ils ne se sont plus quittés. Ce qui signifie en d'autres termes, qu'ils ne nous ont plus quitté. Madame est allée vivre auprès de Monsieur...dans le cabanon.

Nous avons toutefois eu de la chance. Dame Nature, dans son infinie bonté a décidé que malgré les ébats réguliers  de nos tourtereaux, il n'y aurait pas de descendance ! Depuis toutes ces années, combien de fois n'ont ils pas essayé de se reproduire, combien de nids Piou-piou ne s'est il pas évertué, tel un bon chef de famille, à construire....pour rien.

Ce n'est certes pas une histoire d'amour qui finit à la façon " Walt Disney" mais à raison d'une à six pontes par an avec en moyenne deux oeufs à chaque fois, vous comprendrez que nous avons accepté, sans état d'âme, "qu'ils se marient mais n'aient pas d'enfants".

Nous voilà en 2019, notre petit couple vit sa vie, non loin de la nôtre. Crou-crou s'est un peu détachée de nous mais reste néanmoins particulièrement apprivoisée. Elle a d'ailleurs assurément expliqué à son compagnon les principaux codes de bonne conduite.

Un déménagement se profile en fin d'année dans une maison en construction, en campagne, proche de la Brière. La maison de St Nazaire est vendue mais bien évidemment, la future propriétaire n'a pas l'intention d'adopter nos deux pensionnaires...et de notre côté, nous n'avons pas l'intention de nous en séparer. Sauf qu'un pigeon est imprégné d'un lieu, SON LIEU de vie et il va falloir trouver le moyen que Crou crou et son roméo nous suivent et surtout qu'ils restent auprès de nous. 

Nous nous sommes documentées, renseignées et un constat s'impose : il va être nécessaire de les priver de liberté pendant plusieurs semaines...le temps qu'ils s'habituent à leur nouvel environnement. Une amie nous prête une grande volière utilisée par le passé pour ses perroquets. Même si j'ai conscience qu'il s'agit là de LA solution idéale,  cela me contrarie beaucoup de devoir les enfermés, eux qui ont toujours eu suffisament confiance  en nous pour aller et venir sans crainte.

Nous nous installons progressivement dans cette nouvelle maison neuve située à 20 kms de là et dont les travaux sont en grande partie achevés. Nous avons attrapés nos deux toutereaux sans difficulté et les avons installés dans leur nid à barreaux, installé dans le garage pour les préserver des chats et autres petites bestioles sympatiques qui vivent dans nos campagnes. 

La vente définitive de notre ancien logement est prévue dans quelques jours, le temps de le vider entierement, de le nettoyer parfaitement et d'effectuer les menues petites retouches par respect pour l'acquéreur.

Nous nous répartissons les tâches : je m'occupe d'installer au mieux notre nouveau chez nous et C. s'occupe de rendre l'ancien irréprochable.  Les jours s'enchaînent...certainement pas assez vite pour moi. Je supporte de fait très difficilement de voir nos pigeons en cage qui expriment tant par leurs vocalises que leur comportement , leur incompréhension face à cette situation. Et mon impatience a finalement pris le dessus sur la raison. Un matin, je me décide à ouvrir la volière... Bien évidement Crou-Crou s'avance en premier et se hasarde devant la porte. Je l'invite à monter sur mon épaule...elle obtempère. Après une petite séance de câlins, je la pose au sol et la laisse l'explorer autour de moi. En confiance, Piou-piou l'y rejoins. Je marche un peu dans la cour de la maison, Crou-crou me suit et du coup, son binôme en fait de même. Tout va bien...cela semble si simple et naturel finalement !! Et puis Crou-crou s'envole sur la goutière, il l'imite. Puis ils montent jusqu'au toit et là, les voilà partis dans un joli ballet de vols circulaires autour de la maison...je m'inquiète un peu mais me rassure en pensant qu'ils doivent avoir un réel besoin de faire fonctionner leurs ailes après tant de jours en captivité. Mais les cercles s'agrandissent de plus en plus au point que je ne les vois plus. Je m'agite, je les appelle...mais au bout de dix minutes sans aucun signe de leur présence, même éloignée, je m'effondre : Ils sont partis.

Je me décide à téléphoner à C. partie de bonne heure dans la maison de St Nazaire. Evidemment, je reçois son incompréhension et sa colère face à mon manque de "jugeotte" mais la tristesse est bien trop forte et le conflit est inutile. Le constat est malheureux mais il s'impose à nous : Nous sommes impuissants face à leur départ et leur choix de s'en aller. Après de longues minutes d'inertie, je m'attele de nouveau à mon rangement, entre deux sanglots et des va-et vient incessants à l'extérieur...au cas où.

Je me sens tellement coupable.

Le téléphone sonne : C. très excitée, m'annonce que Piou Piou vient de se poser sur le toit de notre ancienne maison ! Il fait les cent pas et se montre très bruyant. Elle suppose qu'il appelle sa femelle...Crou-crou n'est effectivement pas avec lui.

Il a parcouru les 10 kms qui séparent les deux logements pour revenir sur SON territoire, celui qu'il reconnaît certainement comme étant le sien, mais il est seul. Je suis envahie de sentiments contradictoires : la joie indescriptible de le savoir en vie, et le constat que que Crou-crou , elle, n'est pas parvenue au bout de ce périple. Et là bien sûr, mon imagination construit les pires images et scénarios.

Les heures s'égrennent. Il faut prendre une décision et vite avant que la lumière du jour décline. Il n'est pas possible de laisser Piou-Piou là, sur cette maison qui n'est d'emblée plus la sienne et qui, dans quelques jours, sera occupée par de nouveaux propriétaires. Nos tourtereaux avaient l'habitude de rentrer par les velux de l'étage, quand ils étaient ouverts, notamment dans la salle de bain....pour réclamer une douchette ( ce n'est pas une blague!!). Nous les faisions parfois, aussi rentrer par ces mêmes fenêtres, quand la nuit tombée, ils ne réussissaient pas à rejoindre leur cabanon. Ces habitudes prises pendant plusieurs années à nos côtés, Piou-piou ne pourra pas s'en défaire de prime abord... et il est évident qu'il ne sera plus le bienvenu. Les futurs occupants ont fait l'acquisition d'un bien immobilier...et les volatiles ne sont pas inclus dans le package.

Une réflexion à tête reposée s'impose mais dans l'immédiat, C. rénouvelle ce rituel bien connu par nos pigeons : Elle se penche à l'extérieur d'un vélux, l'appelle...et lui, naturellement il vient. 

Un carton vide fera office de cage de transport et les voilà tous les deux de retour à Saint André des Eaux. Piou-piou est de fait très agité. Après nous être assurées qu'il ne présentait pas de blessures apparentes, nous le remettons dans la volière. Il doit se reposer et nous penser à demain.

C. m'épargne les reproches inutiles...Je suis déjà assez punie. 

La question qui évince les terribles interrogations sur la survie et le devenir de Crou-Crou se résume en quelques mots ? Que décidons nous pour Lui ? Le remettre dans la volière...pour qu'il ait enfin le temps suffisant pour s'acclimater à son nouveau territoire ? seul ? Quelle double peine !! 

"Google mon ami" fait de nouveau son office et malheureusement, nombre des articles et des témoignages que nous lisons évoquent des pigeons qui se sont laissés mourrir après la perte de leur moitié.

La fatigue physique et les émotions altèrent inévitablement notre capacité à réfléchir et à arrêter une décision. Il fera jour demain et il sera temps d'aviser.

Le jour se lève tout juste. C. se prépare déjà pour repartir et achever cette dernière journée de menus travaux à St Nazaire.La maison sera définitivement close ce soir et prête pour accueillir de nouvelles histoires. Ce chapitre de notre vie qui se ferme vient conforter notre sentiment qu'il faut LE laisser partir. Il retournera sûrement à St Nazaire. Peut être se fera t'il chasser par les nouveaux propriétaires ou bien son instinct lui permettra t'il de vite comprendre qu'il n'y a plus, dans cet endroit, les mains qui nourrissent, protègent et caressent. Peut être rencontrera t'il une nouvelle compagne ? Il est tellement plus facile d'envisager des fins heureuses pour légitimer des choix qui n'en sont pas vraiment.

Dans la volière, Piou-Piou est collé au grillage. Nous lui donnons à manger mais cette dernière offrande ne reçoit aucun succès. Il ne se laisse étrangement pas du tout approché. Nous ne pourrons pas nous réchauffer le coeur d'une dernière caresse.

C. monte dans la voiture et me lance avant de partir, non sans émotion : "ouvre lui quand tu veux".

Je n'ai pas attendu logtemps...juste quelques petits instants pour lui parler, lui dire à quel point j'étais désolée...à quel point Crou-crou me manque aussi, qu'il doit se méfier des Humains, des "pas nous"...Il me regarde et moi je pleure.

La porte s'est ouverte et il a pris immédiatement son envol. Je suis restée là un temps qui m'est apparu infini, vidée.

Mais manifestement, mon inertie n'aura duré qu'une vingtaine de minutes...le temps nécessaire pour qu'il se pose à nouveau sur le toit à St nazaire ! C. me préviens en effet qu'il vient juste d'arriver. et qu'il s'est déjà mis en quête de faire des va et vients incessants sur le toit et de chanter/crier très fort et sans intermitence.

Cela va être terriblement difficile pour C. ce soir de partir en le laissant derrière elle. L'émotion me submerge à cette idée. Je m'en veux doublement de lui infliger cela.

Elle m'appelle dans la matinée. je perçois à sa voix temblante que çà ne va pas fort. Elle me dit qu'elle ne supporte plus de l'entendre. Cette complainte sur le toit n'a pas de fin. Et puis au moment même de notre échange, plus un son ne lui parvient. Elle sort d'emblée sur le perron et constate qu'il n'est plus là. Finalement, cette nouvelle nous réjouit. Il est parti...peut être a t'il compris la situation ? Nous ignorons bien des choses sur ce que les animaux ressentent et perçoivent alors nous avons le droit, à cet instant-là, d'envisager cette perspective...

17h00. Un message de C. m'informe qu'elle a terminé. Elle doit charger le matériel, faire le tour des pièces une dernière fois avant de partir.

17h10. Le téléphone sonne. C. est en larmes. Elle est inaudible. Je m'inquiete et lui demande de se calmer. Après un moment de silence, je l'entends me dire :" il l'a ramené, il a été la chercher."

 

Piou-Piou s'est demené pour retrouver, guider sa compagne jusqu'à lui...jusqu'à nous.

Le rituel du vélux a de nouveau été utilisé. Nos tourtereaux sont revenus à Saint André...en voiture avec chauffeur. Ils ont eu double ration de tout !!

Je les ai laissé dans la volière quelques temps. J'ai appris de mon erreur. 

Nous sommes en 2024.  Ils sont toujours auprès de nous.

La volière, imposante, s'est retrouvée dehors et ne leur sert que de "cantine", à eux et tous les petits, moyens et gros piafs qui ont vite compris où se nourrir gratuitement et gracieusement ! Ils n'y restent jamais et encore moins pour dormir...les chats du voisinnage rôdent trop et nous en avons fait les frais , mais çà, c'est pour une autre histoire.

Ils ont donc élu domicile dans le garage, depuis 5 ans, dans un renfoncement fait pour stocker du matériel inutilisé pour l'aménagement de la maison. Nous ne leur avons pas donné notre accord pour ce lieu mais nous sommes rangées à leur choix faute de pouvoir à ce moment là proposer mieux.

 

Cette histoire est bien réelle et en aucun cas romancée. C'est une leçon de vie que ces deux pigeons nous ont offerte et en la restituant ici, par écrit, je me rends compte à quel point cela peut paraître incroyable. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bref, qui défilentce périple et